Retour de chine

Il a encore fallu qu'elle dégotte du violet. Mais bon sang, je lui ai dit pourtant que je ne pouvais pas saquer le violet. Y'en a partout dans cette baraque. Tu vas voir qu'en plus, celui qui va devoir prendre le marteau pour suspendre la croute, c'est bibi.

Une affaire, qu'elle m'a dit. Qu'elle l'a eue pour une bouchée de pain. Que je n'y connais rien en peinture, plouc que je suis.

Le lilas, je dis pas, c'est vrai que c'est beau et ça sent bon. Mais en vrai, dans les jardins, pas en barbouille. Et puis, un bouquet de lilas, ça tient pas dans un vase, ça fane tout de suite. Comme les jacinthes des bois. Tu te balades, tu trouves ça joli, ça fait comme un nuage bleuté dans le sous-bois. Tu voudrais emporter un peu de cette légèreté chez toi, mais des clous, t'es pas sitôt arrivé, que tes fleurs font la gueule.

Non, et puis franchement, je me répète, mais du violet. Un coup à vous plomber le moral. C'est triste, le violet. Vous ne me croyez pas ? Et le demi-deuil, il était de quel couleur, s'il vous plait ? Si c'est pas une preuve ça.

Bon, je vais aller chercher ma boîte de clous et mon marteau, ça va être la soupe à la grimace toute la journée, si je n'exécute pas les désirs de Mâdame.